Tous les jours des crimes sont commis, certains perpétrés par des adolescents qui sont capable d'accomplir de véritables tueries. La première question qui nous vient à l'esprit est "Pourquoi ?", qu'est-ce qui a pu engendrer chez ce jeune une telle violence ? Heureusement tous s'explique quand on apprend qu'il jouait à un jeu vidéo !
Alors que l'industrie des jeux vidéo dépasse depuis plusieurs années celle du cinéma, on aurait pu penser que ce genre de réaction remontait à 15 ans en arrière, quand le jeu vidéo était nouveau et commençait à être populaire et que les graphismes devenaient réalistes... Mais hélas, ça n'est pas le cas, et les journalistes, et par extension une partie du grand public (car on sait que les journalistes sont toujours bien informés et disent forcément la vérité) continuent à sortir des articles avec un thème visiblement inépuisable : les jeux vidéos rendent violent.
Ne confondons pas causalité et corrélation
En général, on peut lire dans un journal quelque chose du style : "Le petit Denis a été arrêté suite au massacre de son école à coups de pioche. Après le meurtre de sa mère par son père, cet adolescent est parti vivre chez ses grands parents ou il partageait la niche et la nourriture du chien. On a pu apprendre qu'il était accro au jeu Minecraft, dans lequel le joueur doit exterminer des villageois avec une pioche !".
Vous trouvez cet exemple ridicule ? Pourtant ce n'est pas pire que ce que raconte des "journalistes" comme dans ce récent article ou il est écrit que Mohammed Merah a été rendu violent par le jeu vidéo. Bien entendu, le divorce de ses parents, une scolarité difficile marqué par la délinquance, une adolescence dans un foyer, et l'appartenance à un mouvement Islamisme radical n'y sont pour rien, ça doit être Call of Duty la cause.
Pour en revenir au titre, il est bien évident qu'un tueur a de fortes chance de jouer au jeux vidéos, tout simplement parce que tout le monde y joue. Pourquoi à ce moment penser qu'il y a un lien de cause à effet entre la pratique d'un loisir et l'augmentation de la violence ? Call of Duty: Modern Warfare 2 s'est vendu à 22 millions d'exemplaires, vous pensez sérieusement que si le jeu vidéo avait un impact sur le comportement des gens il n'y aurait pas eu des milliers de crises de folies ?
Dans la tête du joueur
Cette "peur" du jeu vidéo vient souvent d'une simple méconnaissance du jeu vidéo, et d'un amalgame : on range tous les jeux et tous les joueurs dans le même sac. Aujourd'hui, le jeu vidéo est un moyen de divertissement très développé et très riche. Le jeu vidéo peut être à la fois une forme d'art, de divertissement ou de sport. Il sera rarement les 3 en même temps, mais tous les jeux rentrent dans au moins une de ces catégories.
On fait remarquer que les jeux vidéos sont souvent violents. Certes, mais si beaucoup de jeux comportent des actions tels que des combats (au corps à corps ou avec une arme) c'est tout simplement parce que c'est intéressant. C'est la même chose dans les films et séries : les policiers enquêtes sur des meurtres et tirent sur les méchant, les soldats font la guerre, les héros se battent avec les méchants...
Ensuite, la violence n'est pas gratuite, elle est au service d'un gameplay, c'est à dire d'un système de jeu qui est lui même servi par une histoire. Il est facile de ne voir que la violence quand on ne fait que passer devant un écran, mais lorsqu'on joue, celle-ci laisse le laisse place à ce qui compte pour le joueur : des défis à relever, des obstacles à surmonter, une histoire à découvrir...
Des images qui peuvent paraitre violente pour un observateur extérieur ne sont pas forcément vécues comme telles pour le joueur : un tir de roquette qui provoque l'explosion du joueur adverse dans un bain de sang et de tripes sera peut être vécu comme "j'ai marqué 1 point".
Même dans un jeu comme GTA qui parait violent et immoral, la violence n'est qu'un thème. Certes, on peut tuer des piétons sans que les conséquences soient dramatiques par exemple, mais ne n'est pas ça le jeu, c'est une curiosité spécifique à l'univers de ce jeu. On s'y attardera finalement assez peu, on voudra découvrir la ville, résoudre des missions, faire avancer l'histoire, s'amuser avec les véhicules... Alors certes, en observateur extérieur, on va voir que "oh la la ! on peut écraser des piétons dans ce jeu !!" Oui... et alors ?
Il existe aussi des jeux très gore, dont la violence visuelle est poussée au maximum. Ils sont en général mal vus mais pourtant ils sont totalement exagérés et sur-réalistes, ce ne sont que des défouloirs amusants.
Les jeux vidéos rendent les jeunes violents et isolent les joueurs
On a pour l'instant surtout parlé de cas extrêmes, à savoir des meurtres, mais plus de façon plus réaliste, on peut reprocher au jeu vidéo d’entraîner l'énervement, ou des comportements violents chez le joueur et de l'isoler du monde extérieur.
Il est vrai que les jeux vidéos déchaînent les passions, ils provoquent des émotions telles que la joie, la tristesse, la peur, mais aussi la colère. Les jeux peuvent entraîner la frustration, et parfois provoquer l'énervement, mais est-ce vraiment malsain ?
Les conducteurs de voitures connaissent bien la frustration d'être coincé dans un bouchon, et plus généralement, les voitures sont réputées pour énerver les gens les plus doux. Faut-il interdire les voitures dans ce cas ?
Si la personne continue à jouer, c'est que le jeu lui apporte quelque chose, si ce n'était que de la colère, il ne jouerait plus. En fin de compte, la frustration est compensée par la satisfaction de réussir quelque chose de difficile.
Concernant l'isolement, on peut noter que même si l'aspect multijoueur a toujours existé, il se développe de plus en plus par le biais d'internet. Le jeu vidéo peut se jouer seul, mais c'est quelque chose qui se partage également, que ce soit sur internet via des forums ou des réseaux sociaux, mais aussi avec des amis à l'école ou au travail.
De plus, le joueur est focalisé sur ce qu'il fait car le jeu demande souvent de la concentration. Ça m'amuse toujours quand un journaliste film un joueur soit disant "isolé" dans son monde virtuel : évidement le joueur semble "ailleurs", il effectue des actions difficiles qui lui demandent toute son attention. Essayez de discuter avec un joueur d'échec pendant un tournoi, vous me direz si il est très coopératif.
Conclusion
Il n'y a pas une recette miracle du tueur, il existe des centaines de facteurs pouvant influencer le comportement, les causes de violence sont majoritairement dues au milieu social, à l'entourage, au passé, voir même parfois à des soucis psychologiques. Statistiquement, si les jeux vidéos transformaient les joueurs en de violents psychopathes, nous serions tous mort vu le nombre de joueurs.
Le jeu vidéo fait peur, car plus immersif que d'autres médias comme la télévision (laboite à lobotomiser), le jeu demande de l'attention et de la concentration, mais il faut bien se rendre compte qu'on ne joue pas des "meurtriers" comme j'ai pu lire, on vit des aventures et des histoires, au même titre qu'un film ou un livre.
Enfin, on ne peut pas ranger tous les jeux vidéos dans le même panier. Certaines productions sont de mauvaises qualité et n'apportent rien, tandis que d'autres jeux sont des chefs d'oeuvres réellement enrichissants, indépendamment du fait qu'ils soient violents ou non.
Je vous laisse sur l'excellente vidéo d'Usul sur le sujet :
Certains commenceraient à parler de Hotline Miami, et sa sera la guerre...