Je vais être honnête, je me sens un peu dépassé par 1000xRESIST. Ce jeu est assez vertigineux : il aborde de nombreux thèmes et contient beaucoup de scènes assez perturbantes. Cependant, ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas totalement une œuvre qu'elle ne nous inspire pas des émotions fortes. Et je suis à peu près sûr d'une chose, vous ne jouerez pas tous les jours à un jeu comme ça…
Le gameplay de 1000xRESIST pourrait être résumé à celui de Nier Automata, sans les combats… Même si c'est plutôt bien déguisé, c'est un mélange de walking simulator et de visual novel. Les dialogues sont nombreux, mais doublés en intégralité, ce qui est très impressionnant pour une aussi petite équipe. Le jeu se découvre comme une série, chaque chapitre pouvant être un épisode. Personnellement, je me suis limité à un par jour et cela a très bien fonctionné et m'a permis de suivre l'histoire à un rythme parfait.
D'une manière générale, la réalisation est plutôt bonne. Il faut un temps pour s'adapter aux graphismes assez particuliers… Même si je les ai trouvé moches au départ, je m'y suis assez rapidement attaché. C'est sur, 1000xRESIST ne ressemble pas à un AAA dernier cris, mais au moins il possède une identité bien à lui. De plus, je trouve que le studio a réussi à pondre des architectures et des characters design vraiment uniques. Les cadrages sont créatifs et les mises en scène sont très stylées.
À l'instar d'un AI: The Somnium Files, 1000xRESIST nous propose de passer une grosse partie du jeu dans des souvenirs. Ceux-ci possèdent parfois des règles un peu particulières et une narration non linéaire. C'est assez perturbant durant les premières heures, mais l'histoire devient vite très prenante malgré les questions qui s'accumulent. Je vous la laisserai découvrir par vous même, mais globalement c'est de la science-fiction qui nous place au sein d'une sorte de dystopie post apocalyptique. La majorité de la population terrestre a été anéantie par une maladie apportée par des visiteurs de l'espace. Les seules survivantes sont les clones d'une jeune femme visiblement immunisée au virus et ayant formé une société très hiérarchisée.
J'ai une certaine sensibilité lorsque je suis confronté à des histoires qui relatent des vies, sur les années qui passent. Et 1000xRESIST tape dedans, nous fait vivre à des tonnes de souvenirs de diverses époques. On s'éloigne bien souvent de cet univers futuriste pour explorer des scènes plus actuelles, comme les relations compliquées d'une ado avec ses parents. J'ai également trouvé beaucoup de matière à réfléchir sur le thème "nature vs nurture". Les personnages du jeu sont tous des clones, mais les conflits ne manquent pas. Cela m'a interrogé, je me suis demandé à quoi ressemblerait une société remplie de mes propres clones ? Est-ce que j'aurais fait mieux que ce monde si aseptisé et si restreint ?
À ma grande surprise, le jeu s'engage et possède un propos. Contrairement à beaucoup de jeux qui nous balancent des idées et nous laissent ensuite libres de nos interprétations, 1000xRESIST ne fait pas que poser des questions, il y répond parfois. J'ai trouvé que c'était perturbant, mais je respecte cette prise de position qui va à l'encontre des histoires permettant aux joueureuses de choisir leur fin préférée. Même lorsqu'on est confrontés à des décisions, le jeu nous met clairement face à nos responsabilités et nous en montre les conséquences.
Conclusion
1000xRESIST m'a fait une forte impression. Je l'ai terminé il y a déjà plusieurs semaines, mais j'ai du mal à arrêter d'y penser. Cela me rappelle mes sensations après avoir terminé Kentucky Route Zero. Ce sont des jeux qui se digèrent lentement et qui nous marquent durablement. Ce ne sont pas des oeuvres que l'on peut nécessairement saisir en totalité, mais elles sont génératrices d'émotions et de souvenirs forts. Peut-être est-ce tout simplement cela, de l'art…